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Dans un monde où la valorisation des ressources locales devient de plus en plus essentielle, certaines marques se distinguent par leur innovation et leur passion pour les produits traditionnels. Aujourd'hui, nous vous emmenons au cœur de l'aventure "O FONIO", une marque qui transforme une céréale africaine ancestrale en délicieux biscuits. Cet article vous propose une retranscription intégrale d'une interview entre Dognimola, fondatrice de "O FONIO", et DOKUNVI.
Découvrez comment Dognimola a commencé son aventure dans la transformation du fonio, l'histoire de la marque, les caractéristiques uniques de ses biscuits, les défis qu'elle rencontre et bien plus encore. Laissez-vous inspirer par le récit de cette entrepreneure visionnaire qui redonne vie à une céréale oubliée et contribue à la richesse culturelle et économique de sa région.
Bonjour, pouvez-vous nous parler de l'histoire de votre marque et comment vous avez commencé à transformer le fonio en biscuit ?
Tout a commencé par une obligation de rééquilibrage alimentaire, car j'étais à un moment donné en quasi-burnout, après 15 ans de travail dans le domaine bancaire.
Ma naturopathe m'a demandé, entre autres, d'exclure le blé de mon alimentation, alors il me fallait trouver une alternative au blé. Et en faisant des recherches sur les céréales sans gluten, j'ai découvert le fonio, la pépite des céréales africaines, un trésor de la nature.
Le Digitaria Exilis est une céréale qui pousse facilement, elle n'a pas besoin de beaucoup d'eau, ni d'engrais. Une céréale sans gluten, très digeste et véritablement riche en vitamines et en nutriments. Des grains bruns avec un goût de noisette inégalable. Il s'agit de la cousine africaine du quinoa.
Je l'ai tout d'abord testé sous forme de couscous et en porridge, je l'ai adopté tout de suite. Adepte de bons gâteaux au chocolat, j'ai testé la farine de fonio pour réaliser mes pâtisseries, j'ai été conquise. Avant, je sortais toujours du supermarché frustrée, parce que je ne pouvais pas acheter des biscuits, car faits pour la plupart à base de blé et beaucoup de conservateurs. Maintenant, je suis heureuse, car je fais de délicieux biscuits maison avec la farine de fonio et surtout sans additifs chimiques.
Je faisais découvrir les biscuits à la famille et aux amis et les retours étaient intéressants. Alors, je me suis dit pourquoi ne pas créer un atelier à biscuits sains pour répondre au besoin des personnes qui, comme moi, sont soucieuses de leur santé et de leur bien-être et souhaitent manger sain, tout en se faisant plaisir.
Et notre challenge à court terme, c'est de remplacer les biscuits industriels dans le sac des écoliers africains par des goûters sains à base de farines locales. Car nous sommes ce que nous mangeons à plus de 80%. Pour une Afrique forte, il est utile d'avoir des Africains bien nourris.
Voilà comment l'aventure O FONIO a véritablement commencé.
Quelles sont les caractéristiques des biscuits O FONIO ?
Ce qui caractérise principalement les biscuits O FONIO, c'est qu'ils sont faits à 100 % à base de produits locaux. La quasi-totalité de nos ingrédients sont produits localement, donc à portée de main. Nous avons ainsi choisi, à travers notre production, de valoriser les produits locaux, de participer à l'amélioration des conditions de vie des groupements de femmes productrices de fonio dans le nord du Bénin, de protéger la planète et de proposer des produits goûteux et bons pour la santé. Des biscuits 100 % sans gluten, en saveurs cajou, sésame, chocolat et piment.
Il faut noter que les farines sans gluten ne sont pas faciles à manipuler à la main, car la pâte est très friable. Cependant, notre production est totalement manuelle pour le moment, ce qui rend la tâche peu aisée, le temps d'acquérir une machine à couper la pâte. Mais quand on aime ce qu'on fait, on avance avec les moyens du bord.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la production et la commercialisation des produits O FONIO, et comment les surmontez-vous ?
Les habitudes alimentaires sont difficiles à changer, c'est un travail de longue haleine sur la durée. La majorité des citadins des grandes capitales africaines ne connaissent pas le fonio, ils ne l'ont jamais vu, encore moins mangé. J'ai lu des documents où il est dit que le fonio est plus présent sur les tables occidentales que sur les tables africaines. Nous avons choisi de travailler pour faire changer progressivement la donne. Cela exige de maintenir l'activité sur la durée, malgré tous les challenges.
Le consommateur béninois, ou africain en général, est habitué à acheter ses biscuits industriels au supermarché ou au marché à un prix imbattable.
Pour le moment, nous avons une production à petite échelle, ce qui fait que nos coûts de revient sont élevés, donc pas forcément compétitifs face aux produits industriels.
Nous travaillons à jouer sur la corde sensible de la "santé" pour faire adopter nos produits healthy, afin de pouvoir grandir dans le segment des goûters au Bénin, à court terme en Afrique et aussi hors du continent.
Comment percevez-vous le potentiel du marché du fonio, tant au niveau local qu'international ?
Depuis l'épisode de la COVID, le nombre de personnes qui font attention à leur santé et à ce qu'elles mangent augmente de plus en plus. L'alimentation sans gluten est en croissance continue, et les Africains commencent à peine à la découvrir et à l'apprécier. Je peux donc affirmer que le marché du fonio, cette céréale cultivée en Afrique depuis plus de 5000 ans, a de très beaux jours devant lui.
Pour preuve, la Guinée, premier pays producteur en Afrique, exporte plus de 500 000 tonnes chaque année depuis plus de 10 ans. Le Nigéria suit, avec d'autres pays producteurs de l'Afrique de l'Ouest.
C'est vrai qu'au Bénin, nous n'avons pas encore de filière fonio proprement dite, avec une production avoisinant les 4000 tonnes en 2023. Développer une culture bio du fonio ne serait donc que bénéfique pour l'Afrique et le reste du monde.
Quels sont vos plans futurs pour votre marque et comment envisagez-vous de développer votre activité ?
Les plans à court terme de notre marque :
- S'offrir un plan de marketing digital à la hauteur de nos rêves, afin de faire connaître notre produit partout où besoin sera.
- Mécaniser la partie la plus chronophage du processus de production, afin de pouvoir répondre à la demande croissante.
- Négocier un partenariat technique nous permettant d'avoir un produit avec une durée de vie plus longue et sans ajouts chimiques.
- Créer de nouvelles saveurs.
- Obtenir toutes les autorisations permettant d'exporter le produit dans le monde entier.
- Voir les biscuits O FONIO sur les tables de petit-déjeuner, de goûter, lors des pauses saines et gourmandes, et dans les cartables des écoliers africains.
Je vais finir cet échange en partageant avec vous une assertion des Dogons sur le fonio.
Selon les Dogons, "le Créateur de l'univers aurait créé l'univers tout entier à partir d'un grain de fonio".
Le fonio mérite bien, ainsi dit, ses multiples surnoms : "la star des céréales" - "la pépite africaine".
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